AI Environnement : Quels sont les impacts de la performance passive sur les pratiques des acteurs de la construction ?

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AI Environnement : Quels sont les impacts de la performance passive sur les pratiques des acteurs de la construction ?

Le PassivHaus interroge les habitudes des maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage et utilisateurs des bâtiments

 

 « Pour ce projet d’école de 10 classes, le surcoût n’est que de 2 % par rapport à la RT 2012 »

 Antoine Boulla, spécialiste en conception passive au sein d’AI Environnement
Avec la RT 2012, la basse consommation est devenue le nouveau mètre-étalon de la construction, en France. Désormais, les ambitions se tournent vers le bâtiment passif, dont l’émergence interroge les pratiques des maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage et utilisateurs.
Une maîtrise d’œuvre redessinée
La certification Passivhaus introduit un niveau de détail et un souci de la qualité de mise en œuvre sans précédent dans la  construction. Concrètement, cela se traduit par une nécessaire communication au sein de l’équipe de maîtrise d’œuvre : architecte, bureaux d’études, artisans, etc. Qui plus est, ce dialogue doit être mis en place très tôt dans le projet. « Par exemple, il n’est plus possible de traiter la question thermique seulement à partir de la phase APD»  explique Antoine Boulla,concepteur certifié CEPH. Ce travail doit s’engager dès les premières esquisses de l’architecte. Cela permet d’éviter les modifications à un stade trop avancé, pouvant causer retards et surcoût. Cette approche suppose que chaque acteur du projet soit formé et sensibilisé aux enjeux portés par le passif.
Un surcoût à relativiser
Pour un maître d’ouvrage, se pose la question du coût par rapport à la RT 2012. La conception passive implique un surcoût à l’investissement, en lien avec l’utilisation de techniques parfois onéreuses comme le triple vitrage (celui-ci sortant peu à peu de son marché de niche, ses prix diminuent) ou la ventilation double-flux. Il ne faut cependant pas oublier que la qualité et le confort y sont bien supérieurs à un bâtiment classique ! En revanche elle permet des économies sur les puissances de chauffage à installer et les consommations d’exploitation. « Le passif est un transfert de l’investissement depuis les systèmes vers l’enveloppe» résume Antoine Boulla. A long terme, ce choix s’avère financièrement optimal.
En outre alors qu’un bâtiment passif était beaucoup plus cher qu’un bâtiment RT2005, la différence avec la RT2012 s’est réduite. Le passif devrait désormais mieux se défendre lors de comparaison économique qu’auparavant.. En qualité de bureau d’études thermiques, nous venons ainsi de répondre à une consultation pour la construction d’une école de 10 classes. Sur ce projet, le passif a généré un surcoût de 2 % seulement, en ayant permis de se passer d’un plancher chauffant.
Des locaux contraignants à vivre ?
Pour les utilisateurs d’un bâtiment passif, la sobriété énergétique n’implique aucunement une baisse de confort, bien au contraire. « La performance de l’enveloppe est telle que toutes les surfaces sont chaudes, pas besoin de surchauffer l’air pour y être bien. La sobriété du bâti et des systèmes permettent même à des occupantsénergétiquement peu vertueux d’avoir des consommations très faibles» affirme Antoine Boulla.
La certification PassivHaus est un objectif qui guide la conception  mais n’empêche rien en soi. Si un bâtiment peut offrir une superbe vue sur le Nord, la création d’une fenêtre sera bien entendu réalisée.Au final il s’agit bien sûr de concevoir des bâtiments énergétiquement performants, mais avant tout agréable à vivre.