Quand l’expertise en robotique accompagne les précurseurs de la mobilité hydrogène

Une production lancée en 2024 avec une capacité de 60 000 réservoirs par an
Interview
Laurent Rosio,
Global Solution Center H2 Manager ABB
Permettre à nos clients de réduire de 100 millions de tonnes leurs émissions carbone d’ici 2030
ABB s’implique pour rendre l’hydrogène bas carbone plus accessible, plus sûr et durable. En février dernier, ABB France a exposé au salon Hyvolution à Paris Porte de Versailles. Focus sur l’apport de l’expertise d’ABB Robotique au service de la filière hydrogène.
D’ici 10 ans, la décarbonation des transports de personnes et de marchandises – qui représentait 24 % des émissions de CO2 en 2020, selon l’Agence Internationale de l’Energie – passera notamment par l’hydrogène. Une transition que les équipementiers des constructeurs de véhicules préparent d’ores et déjà en déployant de nouveaux outils dédiés à cette mobilité. C’est le cas, par exemple, de fabricants de réservoirs d’hydrogène qui, grâce à de nouvelles lignes robotisées, seront au rendez-vous de la production de masse, à l’horizon 2030-2035. Le point avec Laurent Rosio, Global Solution Center H2 Manager ABB
Vous avez récemment réalisé une ligne de production de réservoirs à hydrogène haute pression pour un équipementier de la mobilité durable. Quels étaient les enjeux relatifs à cette mission ?
Outre notre savoir-faire en robotique, il s’agissait d’appréhender l’hydrogène appliqué à la mobilité, une nouveauté pour nous. Qui plus est, cette technologie n’a cessé d’évoluer pendant que nous avancions sur l’ingénierie du projet. Les installations que nous avons déployées sont actuellement en phase de certification. La production de réservoirs sera lancée en 2024 avec, à terme, une capacité de 60 000 unités par an, en sachant qu’un véhicule à hydrogène peut accueillir plusieurs réservoirs. D’ailleurs, la ligne robotisée est scalable pour pouvoir fabriquer des réservoirs de différentes tailles. De quoi accompagner les précurseurs qui œuvrent dans le développement de la mobilité hydrogène à une large échelle. Nous avons d’ailleurs mis en place une équipe d’une dizaine de personnes, dédiée à l’ingénierie des moyens de production des composants de véhicules à hydrogène, au sein de notre Centre de compétences mondial « Véhicules à hydrogène et électriques », situé à Cergy. Cette équipe aura vocation à piloter en France et à l’international tous les projets futurs de lignes de production robotisée dans le domaine de la mobilité durable.
Et à quels véhicules s’adressent les réservoirs produits sur la ligne robotisée ?
Une voiture à hydrogène française est annoncée pour 2025, mais pour les véhicules légers, la construction de masse ne devrait pas intervenir avant 2035. Pour les bus et les poids-lourds, l’hydrogène présente une autonomie plus importante que l’électrique et une recharge rapide intéressante. Sur ce segment, la transition pourrait se faire à compter de 2030. Ensuite, le reste de la mobilité suivra avec le train, le bateau et même l’avion à hydrogène qui commence à pointer le bout de ses ailes.
On peut imaginer que c’est une période assez excitante pour un ingénieur…
Absolument. Si l’hydrogène n’est pas une technologie nouvelle en soi, on est sur un switch avec les applications en matière de transports. Créer de l’emploi en France, tout en contribuant à une mobilité plus durable, cela donne du sens à nos métiers.
D’ailleurs, en termes de durabilité, vous proposez un service de reconditionnement d’anciens robots…
L’idée est d’offrir une deuxième vie à des appareils, en leur redonnant les mêmes caractéristiques qu’à leur sortie, sept ou dix années auparavant. Cela permet à un industriel ayant d’autres robots d’une même génération de garder un parc homogène, tout en disposant d’une solution rapide, grâce à un stock immédiat. De notre côté, le reconditionnement permet de composer avec le contexte de crise des composants et de réduire les consommations de ressources et d’énergie liées à la fabrication. Cela contribue à remplir notre objectif qui est de permettre à l’ensemble de nos clients de réduire de 100 millions de tonnes leurs émissions carbone, d’ici 2030.