Domotique

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

« Tout le monde peut tirer avantage de la domotique, encore faut-il faire les bons choix »
François-Xavier Jeuland, Président de la Fédération Française de Domotique et auteur du livre « La maison communicante » (Eyrolles, 2012)

Technologie jugée complexe, voire superflue, la domotique reste méconnue du grand public et d’une majorité des professionnels du bâtiment. « Actuellement, la domotique a l’image d’une technologie d’ingénieurs, expose François-Xavier Jeuland. Il convient donc de lever le frein de la méconnaissance concernant ce secteur d’activité, dont le principe est pourtant très simple. Dans les grandes lignes, il s’agit de faire communiquer entre elles les diverses fonctions du bâtiment : chauffage, ventilation, éclairage, climatisation, stores, contrôle d’accès, vidéosurveillance, etc. Une fois rendu communicant, le fonctionnement de ces équipements peut être optimisé en y intégrant des données extérieures, telles que la luminosité, la météo, les tarifs horaires de l’énergie ou encore les plannings d’occupation des locaux.
Aujourd’hui, tout le monde peut tirer avantage de la domotique, encore faut-il faire les bons choix. Dans le tertiaire, par exemple, la modélisation du retour sur investissement est facilement envisageable, à l’image d’une étude d’opportunité lancée sur la pertinence d’une installation photovoltaïque. Certes, avec une domotique gérant de nombreux aspects, les données à recueillir et à analyser sont plus nombreuses. Cela induit forcément de sortir de la culture traditionnelle du bâtiment qui tend encore à cloisonner les différents lots et d’imposer une conception transversale
. »

« Aujourd’hui, 99 % des bâtiments sont aveugles concernant leurs consommations énergétiques »
Au-delà de son efficacité technique, la domotique permet également d’influer sur les comportements, en assurant un suivi des consommations d’énergie, qu’il est ensuite possible d’analyser. En cas de besoin, l’usager pourra donc changer ses habitudes. « Portée par la RT 2012, cette dimension pédagogique de la domotique est primordiale, car elle permet de démontrer l’impact d’un comportement inapproprié, explique François-Xavier Jeuland. Aujourd’hui, en l’absence de domotique, 99 % des bâtiments sont malheureusement aveugles concernant leurs consommations énergétiques. »

Jean-Daniel Napar, Président de l’ACR : « Avec 30 à 40 % d’économies d’énergie, le retour sur investissement des techniques de régulation et de GTB est des plus rapides »
Au croisement entre efficacité énergétique et confort de vie, la régulation et la gestion technique du bâtiment (soit la domotique appliquée aux grands édifices) permettent de répondre aux exigences de la RT 2012, en matière de consommation d’énergie maîtrisée. Ainsi, selon le syndicat des Automatismes du génie Climatique et de la Régulation (ACR), ces techniques présentent même un amortissement plus rapide que les solutions reposant sur la traditionnelle efficacité énergétique passive (isolation, perméabilité,…).
« Avec 30 à 40 % d’économies d’énergie, le retour sur investissement des techniques de régulation et de GTB varie de quelques mois à quelques années, expose Jean-Daniel Napar, Président de l’ACR. A titre de comparaison, pour l’isolation des murs et le remplacement des fenêtres – présentant un potentiel d’économie similaire – le retour sur investissement oscille entre 5 et 25 ans.
La RT 2012 a également contribué à la prise de conscience du véritable rôle de « cerveau » joué par la domotique. Celle-ci permet en effet le suivi des consommations, le stockage des données et la mise en œuvre d’actions sur les systèmes, au regard des comportements des usagers. Le tout en cherchant à satisfaire un besoin de confort accru ! L’application de la RT permet ainsi de regarder l’avenir de notre marché avec un certain optimisme, malgré la crise économique actuelle. J’ajoute que cet optimisme, mesuré, est plus que jamais tourné vers la rénovation. »
Il n’y a rien d’étonnant à cela, car l’efficacité énergétique dans le neuf – qui représente de l’ordre d’1 % du marché actuel – est avant tout portée par une conception aboutie du bâtiment.