ENR et performance énergétique

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

ENR et performance énergétique,  Philippe Chartier, Conseiller « RT et bâtiment » au Syndicat des énergies renouvelables (SER)
« Avec la
RT 2020 en ligne de mire, les perspectives de développement des énergies renouvelables sont des plus favorables »
ENR et performance énergétique, Dans le droit fil de l’entrée en vigueur de la RT 2012, se prépare désormais l’étape suivante qui débouchera sur le bâtiment à énergie positive, à l’horizon 2020. A cette date, la production énergétique renouvelable in situ intègrera la norme constructive et deviendra donc un élément central de la performance globale d’un bâtiment.
Pour anticiper cette échéance, des labels réglementaires viendront prochainement renforcer les exigences de la RT actuelle. « Deux labels, en cours de finalisation, porteront la consommation maximale, aujourd’hui fixée à 50 kWhep/m2/an par la RT 2012, à 45 ou 40 kWhep/m2/an, explique Philippe Chartier, Conseiller « RT et bâtiment » au SER. Cela ne constitue pas une révolution en soi, mais comme le respect des labels réglementaires conditionnera l’attribution d’aides, certains acteurs du bâtiment – tels que les promoteurs privés et sociaux – font valoir que la RT 2012 a déjà constitué une très haute marche à gravir. Ce qui est vrai, du reste. De notre côté, et en cela nous sommes sur la même ligne que l’association Effinergie, nous souhaitons des labels réglementaires les plus ambitieux possibles, car cela suppose mécaniquement une plus grande mobilisation des énergies renouvelables pour s’y conformer. Quoi qu’il en soit, le contenu de ces labels semble aujourd’hui arrêté. En termes de calendrier, ils devraient vraisemblablement venir en appui aux conclusions du débat national sur la transition énergétique, vers la rentrée prochaine. »
En attendant, le virage vers la RT 2020 est amorcé avec le label BEPOS-Effinergie 2013. Lancé en ce début d’année, il met notamment en avant la notion d’énergies renouvelables produites in situ. Cela englobe aussi bien le solaire, la pompe à chaleur, le bois-combustible (considéré comme une ressource locale) ou encore les énergies renouvelables distribuées via un réseau de chaleur (géothermie, biomasse, partie renouvelable des ordures ménagères).

Une part de l’eau chaude accrue au sein des besoins énergétiques
« L’ensemble de ces énergies doit compenser les consommations d’origine fossile et nucléaire, à l’échelle du bâtiment, souligne Philippe Chartier. Dans ce cadre, le photovoltaïque devrait connaître un déploiement important, d’autant que son coût atteindra la parité avec le réseau très rapidement : vers 2016, dans le sud et avant 2020, dans le nord. Concernant le chauffage, le recours au bois ou à la géothermie permettra de réduire la part des énergies non renouvelables à compenser. Pour autant, ces besoins en chauffage diminuent avec des constructions neuves présentant de bonnes performances thermiques. Désormais, c’est l’eau chaude sanitaire qui voit sa part augmenter au sein la consommation globale d’un bâtiment. On peut ainsi considérer qu’elle représente près de la moitié de la consommation primaire, telle que définie par la RT 2012. Mais là encore, les solutions ENR permettent de répondre à ces besoins avec le solaire thermique ou la pompe à chaleur.
Précisons, par ailleurs, que le label BEPOS-Effinergie 2013 concerne les besoins énergétiques considérés dans le sens de la RT 2012 – chauffage, climatisation, ventilation, eau chaude sanitaire, éclairage – en les élargissant aux autres usages – électroménager, informatique, etc. Il faudra donc également compenser ces consommations-là. C’est pourquoi, en ayant le bâtiment à énergie positive en ligne de mire, les perspectives de développement des énergies renouvelables sont des plus favorables, au-delà des difficultés conjoncturelles actuelles
. »

Et sinon, quoi de neuf dans l’ancien ?

La RT 2012 ne concerne que le neuf et, depuis la RT Existant de 2007, il ne se passe pas grand-chose dans l’ancien. « Une telle situation est étonnante, car la France se place dans le wagon de tête européen sur le plan du neuf, constate Philippe Chartier. Concernant l’ancien, il faut reconnaître que le pays est plutôt à la traîne, pour le moment. On se contente de transposer les directives européennes qui font un peu office de voiture-balai en matière réglementaire. Cela évoluera sans doute en 2014-2015. Il serait alors possible de s’inspirer de la dynamique très intéressante du label Effinergie Rénovation de 2009. Celui-ci fixe notamment un objectif de consommation maximale à 80 kWhep/m²/an. Il s’agit là d’une performance significative, car à ce niveau, avec la mobilisation des ENR, « l’énergie positive » pourrait quasiment être atteinte dans l’ancien. »