Etanchéité et ventilation

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

Mettre l’étanchéité à l’air au service du rendement de la ventilation

En comparaison avec l’isolation thermique, la notion d’étanchéité à l’air fait aujourd’hui figure de composante nouvelle dans le domaine du bâtiment. Pourtant, des études consacrées à l’infiltrométrie ont été réalisées dès 1983 par le CSTB et le CETE de Lyon. « C’est vrai qu’on a parfois la sensation que pour certains acteurs du bâtiment, l’étanchéité à l’air sort du chapeau, constate Romuald Jobert, Chargé de mission au CETE de Lyon. C’est d’autant plus étonnant que la réglementation en la matière a été progressive, avec une première prise en compte dans le cadre de la RT 2000. En ce moment, le sujet est surtout d’actualité en lien avec l’obligation de résultat et le test d’infiltrométrie, introduits par la RT 2012. Rappelons tout de même que les objectifs fixés ne sont pas draconiens et peuvent être atteints. Cela a d’ailleurs été confirmé par une étude du CETE portant sur près de 1 300 logements « BBC 2005 Effinergie », label dont s’inspire la RT 2012 : 85 % d’entre eux atteignent les résultats pour l’étanchéité à l’air, en sachant que les 15 % restants ne sont pas à des années-lumière d’y parvenir. »
Formation professionnelle et carte bancaire
L’étanchéité de l’enveloppe rentre donc peu à peu dans les pratiques. « La RT 2012 entraîne un besoin de formation chez les entreprises, mais on constate qu’il reste encore trop de professionnels ne se mobilisant pas, témoigne Sébastien Delmas, Responsable Technique de l’association Effinergie. C’est pourquoi, notre label Effinergie+, lancé en 2012, a introduit la généralisation d’une formation pratique des entreprises concernées par la perméabilité à l’air. Ce dispositif fixe également un abaissement du seuil de fuites autorisées à 0,80 m³/(h.m²) dans le résidentiel, contre 1 pour la RT 2012. Un autre critère a également vu le jour : l’étanchéité à l’air des réseaux aérauliques. Il s’agit là d’une mesure importante qui garantira le fonctionnement optimal des ventilations à double flux, dont les performances sont trop souvent dégradées par des défauts d’étanchéité. »
Avec de tels objectifs, Effinergie+ permettra aux professionnels de se préparer à l’échéance de la RT 2020, qui devrait fixer des objectifs plus délicats à atteindre. «  Si l’on transpose les exigences du label allemand « Passivhaus » à l’indicateur Q4PA-Surf de la RT 2012, les débits d’air autorisés passeraient de 0,60 m³/(h.m²) à 0,16, expose Romuald Jobert. Pour atteindre cette valeur, la conception et la réalisation du bâtiment doivent alors être vraiment irréprochables. Or, les seuils de la future RT seront peut-être établis autour de cet ordre de grandeur. » A titre d’illustration, pour une maison individuelle de 110 m2 de surface et 2,5 m de hauteur sous plafond, cela correspond à une fuite d’air de la taille d’une carte bancaire…

Des systèmes de ventilation plus performants et moins énergivores
A l’horizon du standard de la maison passive, deux postes de consommation verront leur part fortement augmenter dans la demande énergétique globale : l’eau chaude sanitaire et la ventilation. Concernant cette dernière, des évolutions sont attendues pour rendre les systèmes moins énergivores, avec les directives Eco Design et Labelling. A partir de 2014, celles-ci s’appliqueront progressivement aux équipements de ventilation et de traitement d’air mis sur le marché européen.
« L’objectif de ces réglementations est de proposer des produits qui soient les plus performants en termes de rendement énergétique, explique Emmanuelle Brière, Responsable « Ventilation et Traitement d’Air » au sein du syndicat professionnel Uniclima. Pour cela, la Commission européenne prévoit deux principaux critères : limiter la consommation énergétique des ventilateurs et améliorer l’efficacité de la récupération de chaleur, en installation double flux. De tels critères impliquent que 40 % des équipements proposés actuellement sur le marché européen disparaîtront deux ans après la date de publication du texte et 90 % à cinq ans. Ces réglementations ne seront donc pas sans impact sur certaines industries françaises et européennes qui n’auront pas la capacité d’adapter leurs gammes de produits dans les délais imposés. Notre rôle est d’apporter un soutien technique et juridique à ces industries, afin qu’elles puissent anticiper ces mesures. »