F-Gaz 2024 : quand efficacité énergétique et évolutions réglementaires vont de pair
La réglementation européenne F-Gaz fixe la feuille de route à suivre, jusqu’à l’horizon 2040, pour accompagner la transition des solutions de climatisation et de réfrigération vers des fluides à très faible GWP (Potentiel de Réchauffement Global). Si ce critère constitue un facteur important, il ne représente pourtant qu’environ 10 % de l’empreinte carbone d’une installation de production de froid. Le reste est imputable aux consommations électriques de ladite installation. Il est donc essentiel de raisonner sur l’ensemble de la durée de vie des solutions retenues, souligne Delphine Martin, Responsable Marketing International chez Climalife
Delphine MARTIN,
Responsable Marketing International
CLIMALIFE
La question du fluide est la partie émergée de la décarbonation de la réfrigération
Quels sont les principaux critères à prendre en compte pour choisir un fluide frigorigène à très faible GWP, en lien avec la 3e version de la réglementation F-Gaz de 2024 ?
La question du choix du fluide se pose moins pour la climatisation, puisque les options sont généralement déterminées par les fabricants des systèmes. Elle est en revanche plus ouverte pour la réfrigération.
Parmi les fluides répondant à la réglementation, chacun présente ses avantages et ses inconvénients selon les applications, les puissances frigorifiques à fournir, les besoins en froid positif ou négatif, la formation des personnels d’exploitation, etc. Par exemple, pour un commerce de proximité jusqu’à 600 m²,
le R-1234yf peut être indiqué pour produire du froid positif, alors que le CO2 sera plus adapté pour du froid négatif et le R-455A pourra répondre pour le positif comme pour le négatif. Pour les commerces plus importants, cela dépendra de la technologie déployée : chiller, centrale classique, semi-distribuée ou en cascade. Même si elle est importante, la question du fluide n’est que la partie émergée de la décarbonation de la réfrigération.
Justement, comment décarboner ces applications ?
Au-delà du GWP d’un fluide, il faut raisonner en termes d’efficacité énergétique. En effet, les fuites éventuelles d’une installation représenteront, sur sa durée de vie, environ 10 % de son impact carbone. Les 90 % restants correspondent à ses émissions indirectes, liées à ses consommations d’électricité. Pour éclairer le choix des exploitants, nous avons développé un outil de simulation d’éco-efficacité. Validé par l’institut Cemafroid, celui-ci intègre à la fois le GWP du fluide et le critère TEWI (impact total équivalent de réchauffement), incluant les émissions indirectes. Prenons l’exemple d’une installation présentant une charge de 80 kg de fluide et un taux de fuite de 5 %/an. En France, où la production électrique est relativement décarbonée, le R-455A y réduira, par rapport au R-404A, l’empreinte carbone de 243,5 t éq. CO2, sur 15 ans d’exploitation. Notre outil de simulation intègre également les critères financiers de CapEx et OpEx. Au-delà d’être un levier efficace pour la décarbonation, une meilleure efficacité énergétique constitue aussi un facteur clé pour optimiser le retour sur investissement.
Comment la régénération des fluides frigorigènes peut-elle réduire l’empreinte carbone des installations ?
S’inscrivant dans une démarche d’économie circulaire, les fluides peuvent être récupérés et retraités pour présenter des propriétés conformes à celles d’un produit neuf. Ce processus réduit ainsi les consommations d’énergie et de gaz de la filière. De plus, les produits régénérés n’entrent pas dans les quotas F-Gaz, ce qui permet aux installations fonctionnant avec des fluides à fort GWP de continuer à opérer, le temps d’en assurer le rétrofit ou le remplacement, en conformité avec les délais réglementaires.
Comment garantir, en matière de traçabilité, la conformité des installations et faciliter leur maintenance préventive ?
Nous proposons une application professionnelle, Clim’app, permettant de gérer toutes les opérations liées aux fluides frigorigènes : charge, récupération, détection et réparation de fuites, rappels d’interventions de maintenance, etc. Cet outil assure également la traçabilité digitale en générant des bordereaux de suivi des déchets de fluides frigorigènes, connectés à Trackdéchets.
