AGES – Stockage d’énergie sous-terraine : une solution pour la transition énergétique

Le 28 avril dernier, l’Espagne connaissait le pire blackout de son histoire. 24 heures sans électricité, une économie à l’arrêt. Les conséquences se comptent en milliards d’euros. Mais cela s’explique : l’origine du problème viendrait d’une centrale photovoltaïque qui aurait mis tout le réseau sous tension. Alors que le réchauffement climatique se vérifie d’année en année, que les aléas dramatiques s’enchaînent (incendies, inondations, orages de grêle dévastateurs), la transition énergétique prend du retard. Le projet de stockage d’énergie thermique sous-terraine développé par Ages à Bègles vise à répondre à ces problématiques et à transformer l’industrie pétrochimique en industrie énergétique décarbonée.
![]() fondateur et CEO AGES |
En quoi votre approche de la géothermie profonde se différencie-t-elle des autres solutions de stockage d’énergie existantes ?
Grâce à mon expérience avec AbSolar depuis 2020 et la maîtrise de la technologie de la géothermie, j’ai mis en évidence une solution d’avenir et de bon sens : la géothermie profonde. Il s’agit de sortir de la dépendance fossile, de renouer avec notre souveraineté énergétique grâce au stockage d’énergie thermique sous-terraine. Le sous-sol possède en effet une capacité calorifique au sein de sa roche, quelle que soit la nature du sol, avec une possibilité de stockage de chaud ou de froid. 50 % des besoins énergétiques dans le monde concernent le thermique, le besoin de chaud. Certes, le besoin en froid va croître face au réchauffement climatique et aux canicules à répétition. Aussi, le stockage énergétique sous-terrain par géothermie profonde répond à un double enjeu environnemental : faire du froid sans rejeter de chaud dans l’air (contrairement aux autres solutions) et maintenir la recharge thermique du sous-sol afin de restituer le chaud n’importe quand.
Comment la technologie de stockage thermique sous-terrain permet-elle de répondre aux enjeux de l’intermittence des énergies renouvelables ?
Nous avons développé un échangeur géothermique sous-terrain en boucle fermée, doté d’une sonde coaxiale en acier de 20 cm de diamètre – l’équivalent d’un forage pétrolier -capable de descendre entre 30 et 1000 mètres de profondeur. Notre technologie s’implémente de briques déjà existantes, elle n’utilise aucun minerai et ne possède aucune emprise foncière ! Il s’agit véritablement d’un bond en avant pour la filière géothermique, d’une évidence absolue, afin de valoriser la capacité naturelle de stockage du sous-sol pour les énergies intermittentes, avec une capacité inter saisonnière : éolien, photovoltaïque et récupération de chaleur fatale. Par ailleurs, cette technologie s’appuie sur le même savoir-faire que l’industrie pétrolière. De quoi permettre une reconversion réussie aux acteurs de cette industrie dans un projet de transition énergétique durable.
Quelles sources d’énergies fatales et renouvelables peuvent être valorisées grâce à votre technologie ?
En France, l’industrie rejette dans l’air la chaleur émise par ses outils de production. Cela correspond à la production de trois centrales nucléaires ! Notre technologie est applicable sur 95 % du territoire et s’adapte au volume nécessaire en termes de stockage, depuis la taille d’une centrale nucléaire jusqu’à la petite industrie. Nous allons ainsi diriger notre innovation en direction des acteurs du bâtiment : aménagement d’écoquartiers, centres commerciaux qui souhaitent supprimer le gaz, bassins nautiques, unités de valorisation énergétique et toutes les industries. Le modèle économique repose sur l’énergie à valoriser et la quantité à restituer avec une utilisation à la demande. Cette énergie peut ainsi être restituée sous forme de production d’eau chaude, d’eau surchauffée ou d’électricité. Pilotable et compétitive, la technologie bénéficie d’un premier démonstrateur actif dans la région de Bordeaux. Nous sommes en discussion avec quatre usines d’incinération pour les équiper de la technologie afin de récupérer la chaleur fatale et la restituer au sein d’un réseau de chaleur.