Du déchet à la vapeur : les CSR au service de l’industrie verte

Du déchet à la vapeur : les CSR au service de l’industrie verte


Face aux enjeux de décarbonation industrielle, les Combustibles Solides de Récupération (CSR) s’affirment comme une alternative au gaz naturel. Enrichis d’intrants biosourcés, ces déchets offrent une énergie verte, compétitive et disponible en continu, comme l’évoque Marie-Hélène Schneider, directrice générale de B+T Environnement et de B+S Recyclage

Marie-Hélène SCHNEIDER,
Directrice générale B+T ENVIRONNEMENT

En valorisant 200 000 tonnes de CSR par an,
l’unité produit 80 MW d’énergie décarbonée

Comment la valorisation énergétique des CSR peut-elle contribuer à la décarbonation des industries ?

Les déchets issus d’activités économiques peuvent être enrichis avec des intrants biosourcés non recyclables, comme des sous-produits de l’éco-mobilier ou des emballages non-recyclables et autres déchets non-recyclabes, pour créer un CSR valorisable en chaufferie. Ce combustible, dont la part biogène est supérieure à 50 %, constitue une alternative décarbonée au gaz, tout en évitant l’enfouissement des déchets – un mode de traitement à la fois coûteux, générateur de gaz à effet de serre et problématique sur le long terme.
Avec un pouvoir calorifique spécifique à la chaufferie, les CSR préparés dans l’unité de B+S Recyclage sont parfaitement adaptés à la production en continu d’énergie sous forme de vapeur pour alimenter des process industriels, comme c’est le cas, par exemple, sur l’usine d’Alsachimie à Chalampé (Haut-Rhin).

Comment cet industriel a-t-il pu réduire sa dépendance au gaz ?

Grâce à une chaufferie mise en service en 2023 et alimentée par environ 200 000 t/an de combustibles de substitution. Cette unité, que nous avons conçue et construite et dont nous assurons l’exploitation, bénéficie de flux de CSR sécurisés. Elle produit ainsi, chaque année, 80 MW d’énergie sous forme de vapeur à 425°C, représentant 40 % du mix énergétique de l’industriel. Le site génère également sa propre électricité grâce à une turbine.
D’autres clients potentiels manifestent leur intérêt pour se fournir en vapeur issue de CSR, ce qui nous amène à l’étude d’augmentation de la capacité pour répondre à cette demande. Les CSR valorisés sur ce site proviennent de notre unité de préparation, située à proximité.

Ce type d’installation peut-il être dupliqué ?

Nous avons des discussions avancées avec d’autres industriels et partenaires en France. En Allemagne, des collectivités et les industriels ont déjà déployé ce type d’équipements pour alimenter des réseaux de chaleur ou les sites industriels. En France, le gisement énergétique des déchets d’activité économique allant en enfouissement est important, sans compter les autres déchets valorisables tels que les ordures ménagères ou les sous-produits de l’industrie papetière. La viabilité d’une unité repose sur deux conditions : la disponibilité des CSR et l’engagement d’un « off-taker » – industriel ou collectivité – à les valoriser sur le long terme. Celui-ci bénéficiera durablement d’une énergie verte à prix compétitif par rapport au gaz. Nous échangeons aussi avec des collecteurs de déchets, dont beaucoup disposent de flux pouvant être valorisé par combustion de CSR. Dans une logique gagnant-gagnant, il pourrait ainsi offrir à ses clients engagés dans une démarche de responsabilité environnementale un débouché vertueux sous forme d’énergie décarbonée. Le plus remarquable dans notre process est qu’il permet, chiffres à l’appui de passer de 100% allant en enfouissement à seulement 5%, le restant étant transformés en énergie et valorisation matière.

Sur le plan environnemental, quels systèmes de traitement des fumées sont nécessaires pour respecter les normes lors de la combustion de CSR ?

Des filtres combinant chaux, urée et réactifs anti-NOx permettent de capter la totalité des polluants présents dans les cendres produits. Celles-ci, ainsi traitées, sont stabilisées avant enfouissement.
Nous développons actuellement des solutions permettant, à terme, d’extraire ces polluants, pour aller jusqu’au bout de la valorisation.

Et qu’en est-il des mâchefers issus de la combustion des CSR ?

Ils correspondent à la fraction minérale – environ 20 % – contenue dans les CSR. Suite à leur purification, de fait, par l’incinération et à des analyses post-combustion, ils sont réemployés après un criblage permettant d’en extraire les 10 % de métaux recyclables. La fraction minérale peut ensuite être réutilisée dans le BTP, notamment en sous-couche routière ou autres techniques de mise en oeuvre.

Valeur énergie
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