équipe ingénierie,

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

équipe ingénierie,

On peut construire moins performant sur un plan énergétique, mais c’est plus cher 

Le bâtiment passif constitue un optimum écologique, mais aussi économique 

Tugdual Allain, Gérant d’Équipe Ingénierie

 les maîtres d’ouvrage reviennent vers le passif, une fois qu’ils l’ont expérimenté  

 Plutôt que de suivre les exigences des réglementations thermiques successives, certains acteurs de la construction poussent les curseurs de la performance énergétique à travers le standard du bâtiment passif. Une solution qui allie enjeux économiques et écologiques, comme le souligne Tugdual Allain, Gérant d’Équipe Ingénierie et certificateur agréé Passivhaus Institut. 

 Comment votre Bureau d’études Tous corps d’état en est-il arrivé à proposer le standard de la construction passive à ses clients ?  

Au moment de l’arrivée de la RT 2012, nous en avons regardé les principes d’amélioration par rapport à la réglementation précédente. Ces textes s’inscrivent dans une logique de petits pas. Dans une vision à long terme, nous avons plutôt cherché ce qui se faisait de mieux en matière thermique. Le concept passif s’est imposé d’autant qu’il peut s’adapter à tous types de projets – logement, tertiaire, industrie… – et à toutes les localisations. 

 Avez-vous des exemples ? 

 Nous avons près de 40 projets passifs dans nos références, dont une vingtaine qui étaient des projets standards RT2012 dont les clients nous ont fait confiance pour les concevoir en passif. À Toulouse, nous avons accompagné la construction d’un ensemble de bureaux de 4 550 m². Les besoins y sont de 7,5 kW/m²/an pour le chauffage et de 5,5 W/m²/an pour la climatisation. De l’autre côté de la France, à Sainghain (59), un ensemble de bureaux de 5 745 m² a des besoins de 8,2 kW/m²/an pour le chauffage et de 1,1 kW/m²/an pour la climatisation. À Cholet, nous avons participé à la construction d’un magasin de motos avec atelier qui, en 2014, a été la première surface de vente certifiée passive en France et le premier bâtiment industriel en charpente métallique certifié passif au monde. À Limoges, nous avons contribué à un ensemble de 18 logements collectifs présentant un besoin de chauffage de 7  W/m²/an. 

 Ces objectifs de sobriété ne génèrent-ils pas un surcoût de construction ? 

 À Limoges, le coût a été inférieur à 1 300€HT/m² de SHAB, hors VRD et génie civil. S’il est possible de travailler sur la compacité, la taille et l’orientation du bâtiment, alors les coûts d’isolation, puis des équipements de chauffage ou de climatisation s’en trouvent maîtrisés. On observe aussi que les isolants et menuiseries à très haute performance sont de plus en plus abordables. Et comme l’isolation offre le meilleur rapport « efficacité/coût », tout en étant simple à déployer, on met l’accent sur celle-ci. Associée à une architecture efficace, elle permet de construire avec des ratios au m² identiques qu’avec les règlementations en vigueur. Pour de grands projets tertiaires, avec des besoins en eau chaude réduits, il est même possible d’être moins cher. Le bâtiment passif présentera également des coûts de fonctionnement inférieur. Il constitue donc un optimum écologique, mais aussi économique. 

 Comment persuader les clients potentiels de cet optimum ?  

Au stade de la conception d’un projet, nous pouvons proposer au maître d’ouvrage de réaliser gratuitement une étude de faisabilité pour inscrire le bâtiment dans le standard passif. Deux fois sur trois, le client donne suite. Parfois des contraintes urbanistiques, techniques ou programmatiques entraînent un surcoût que le client ne souhaite pas couvrir. Pourtant, ce surcoût peut être amorti en  5 à  15 ans, grâce à des frais de fonctionnement optimisés. D’ailleurs, les maîtres d’ouvrage qui ont vocation à construire de façon récurrente ont tendance à revenir vers le passif, une fois qu’ils l’ont expérimenté. Il y a quelques années, les appels d’offres pour ce standard étaient de l’ordre d’un par trimestre. Ils sont désormais quasi quotidiens et peuvent atteindre des enveloppes de  90 millions d’euros. 

Il est clair que le passif est en train de devenir un standard reconnu par les entités publics et privés. Car fiable, efficace et toujours le plus économique en coût global. 

http://www.equipe-ingenierie.fr/