« La construction bas carbone relève du bon sens »

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

« La construction bas carbone relève du bon sens »

Interview d’Hélène Genin, Déléguée générale de l’Association pour le Développement du Bâtiment Bas Carbone (BBCA).

Quels sont les chantiers de BBCA en faveur du bâtiment durable ?

L’association reconnue d’intérêt général est née en 2015, elle compte 110 membres, promoteurs, investisseurs, architectes, constructeurs, bureaux d’études qui œuvrent ensemble au développement du bâtiment bas carbone. Le secteur joue un rôle majeur dans le changement climatique car c’est le premier émetteur en France. 27 % des émissions de CO2 sont réalisées par le logement, et ce chiffre grimpe à 40 % si on intègre les bâtiments tertiaires. Les réglementations thermiques successives nous ont permis d’améliorer les performances énergétiques mais le sujet de l’impact carbone de la phase de construction était toujours ignoré alors qu’il pèse pour 60% des émissions d’un bâtiment neuf sur tout son cycle de vie, le solde étant liée à l’exploitation. Désormais, le bilan carbone dès la phase amont est une priorité de la future RE2020 qui sera appliquée au à l’été 2021.

A quels types de bâtiments s’applique le label BBCA que vous avez développé ?

Notre mission est d’être une locomotive au service de la transition vers le bas carbone, en développant la connaissance et en partageant les bonnes pratiques. Nous construisons avec une trentaine de membres actifs l’évolution de nos méthodes. Nous mettons ainsi en lumière les bâtiments exemplaires, qu’il s’agisse du neuf ou de la rénovation. Une centaine de bâtiments sont aujourd’hui engagés dans la démarche de labellisation BBCA qui valorise vraiment leur excellence en la matière.

Quels sont les leviers qui permettent d’atteindre cette exigence bas carbone ?

Premièrement, il s’agit de réfléchir dès l’amont avec une conception optimisée, un quantitatif de matériaux réduit au maximum, l’usage de matériaux bas carbone, recyclés, bio-sourcés ou réemployés. L’enjeu aujourd’hui est de conserver ce qui existe, de démolir de manière sélective et de mieux utiliser la ressource. Deuxièmement, il faut travailler sur l’exploitation maîtrisée des bâtiments grâce à une enveloppe performante qui limite les consommations d’énergie et qui promeut l’utilisation d’énergie renouvelable. En troisième lieu, un bâtiment devient puits de stockage de carbone quand on utilise de manière maximisée certains matériaux bio-sourcés, notamment le bois dont 1 m3 représente environ 1 tonne de CO2 stocké. Enfin, le bâtiment bas carbone s’appuie sur l’économie circulaire et notamment la capacité du bâtiment à se transformer dans le temps pour être plus durable et à mutualiser ses espaces

Comment atteindre ces objectifs ?

Construire bas carbone relève d’un certain nombre de pratiques de bon sens. Nous avons des solutions. Aujourd’hui il faut les mettre en œuvre en faisant évoluer les méthodes de travail des professionnels, dès l’amont et sur le terrain. La transformation doit s’opérer auprès de l’ensemble du secteur c’est une priorité face au défi climatique