Points singuliers sur les systèmes de chauffage : des maillons faibles à isoler sans attendre.

Bruno VIE,
Gérant – ISOLIF
Les points singuliers sur les tuyaux de chauffage restent souvent à nu, générant d’importantes déperditions énergétiques. À tel point que l’État a mis en place, via les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), une aide incitative pour l’isolation thermique de ces équipements. Cette opération deviendra obligatoire dès 2027, comme le rappelle Bruno Vie, Gérant d’ISOLIF.
Un équipement à nu sur un réseau de chaleur, cela équivaut à laisser 0,5 m de tuyauterie sans isolation.
En quoi les points singuliers sur les réseaux de chauffage sont-ils porteurs d’enjeux pour l’efficacité énergétique ?
Ces équipements – comme les vannes, les brides, les échangeurs à plaques, les filtres… – rarement isolés, génèrent d’importantes déperditions d’énergie. Par exemple, quand une chaufferie est anormalement chaude, c’est le signe qu’il y a des améliorations à apporter. Un point singulier à nu, cela équivaut à laisser 0,5 mètre de tuyauterie sans isolation. L’enjeu est colossal puisqu’il y a, en France, de 50 à 80 millions d’équipements singuliers qui restent à isoler. Il est vrai que les gestionnaires de bâtiments qui se lancent dans une démarche d’optimisation énergétique ciblent en priorité des travaux de grande ampleur. Or, l’isolation des points singuliers contribue efficacement à cet objectif, sans impact majeur sur l’environnement de travail. Il y a une prise de conscience progressive sur le sujet, qui s’est traduite, en 2019, par le financement de ces opérations d’isolation via les CEE.
Et comment ces points singuliers peuvent-ils être isolés ?
Les matelas isolants et aussi appelés housses constituent la solution la plus adaptée. Ces dispositifs sont composés d’une âme isolante et d’une enveloppe en tissu technique qui encapsule les équipements déperditifs. Ainsi, les solutions d’ISOLIF avec sa marque MATHEUS offrent 80 % d’économies d’énergie, selon une étude du CSTB. Pour atteindre de telles performances, il convient d’offrir une gamme qui couvre tous les diamètres, dans toutes les situations. En effet, chaque équipement est particulier en termes de dimensions, de position, d’agencement par rapport aux autres accessoires, etc. Pour les situations les plus complexes, des isolants peuvent être conçus sur mesure par notre bureau d’études, comme c’est le cas pour 10 000 des 500 000 housses que nous avons déployées. Par exemple, au sein du centre hospitalier Esquirol de Limoges, nous avons isolé des échangeurs à plaques, des appareils volumineux et particulièrement énergivores.
Quel peut être le retour sur investissement des matelas et housses isolants ?
Avant de répondre, un petit aparté règlementaire : un décret de 2023 (Décret N°2023-444) rendra obligatoire, à partir du 1er janvier 2027, le calorifugeage des réseaux de distribution de chaleur et de froid traversant des locaux non chauffés ou non refroidis, dans les bâtiments résidentiels comme tertiaires, existants ou neufs. À cette échéance, l’incitation financière des CEE ne sera donc plus en vigueur. Mais même sans prime, le retour sur investissement des housses et des matelas est d’environ deux ans, ce qui en fait une solution pertinente, surtout dans le secteur hospitalier où les primes CEE atteignent leur niveau le plus élevé. Attention cependant : certains opérateurs proposent des produits offrant seulement de 20 à 40 % d’économies d’énergie. Avec de telles solutions, la rentabilité est au rendez-vous, mais seulement pour l’installateur, pas pour l’usager final. Une situation qui doit inciter ce dernier à se tourner vers des prestataires fiables.
Au-delà de la performance d’un isolant comment s’assurer que sa pose sera de qualité ?
Nous concernant, nous avons noué un partenariat avec une quarantaine d’installateurs autour d’un référentiel technique partagé. Et pour accompagner les professionnels et leurs clients finaux au quotidien, nous avons développé une Appli qui facilite à la fois le relevé des équipements sur site, l’identification de l’isolant adapté à la situation, la pose sur chantier et le contrôle qualité. Elle simplifie également le renseignement des documents administratifs tels que ceux nécessaires pour bénéficier des CEE.