RYSOsphère, Lutter contre les canicules et les inondations 

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

RYSOsphère, Lutter contre les canicules et les inondations 

 

 Toitures végétalisées : la solution pour des villes qui respirent 

Il y a vingt ans, les toitures végétalisées étaient surtout considérées pour leur simple intérêt esthétique. Aujourd’hui, elles sont regardées d’un tout autre œil par les collectivités publiques et les promoteurs privées. Ils y voient une solution efficace pour répondre aux enjeux du réchauffement climatique et de la gestion des eaux pluviales en milieu urbain. En effet, les toitures végétalisées permettent de réduire l’effet îlot de chaleur en ville durant les périodes de canicule et les inondations en cas de fortes pluies. 

Interview de Stéphane Reinle et , associés fondateurs de RYSOsphère. 

La végétalisation des toitures est une alternative offerte aux collectivités. Elle évite l’utilisation du foncier dont manquent beaucoup de territoires 

 Quel est l’intérêt d’un toit végétalisé pour les collectivités ?  

Stéphane Reinle. Elles répondent aux enjeux du réchauffement climatique en milieu urbanisé. Pendant des années, on a privilégié l’imperméabilisation des sols pour limiter les mauvaises herbes et les frais d’entretien. Aujourd’hui, on revient en arrière en « renaturalisant » les villes, pour contrer les phénomènes d’îlot de chaleur  pendant les canicules. Les collectivités ont compris l’intérêt de ces terrasses qui sont loin de n’être qu’esthétiques.   

Les toitures végétalisées ont un autre intérêt pour la gestion des eaux pluviales… 

Raphaël Dupont. En effet, elles permettent d’éviter la création de nouveaux bassins de rétention et de stockage alors que les réseaux existants sont souvent surchargés. La végétalisation des toitures est une alternative offerte aux collectivités. Elle évite l’utilisation du foncier dont manquent beaucoup de territoires.  

Quelles sont les techniques associées aux toitures végétalisées ? 

Raphaël Dupont. Il en existe deux qui peuvent se combiner. La technique de l’abattement est la capacité du système de végétalisation et du substrat à jouer le rôle d’éponge. Autre technique : la création de rétention temporaire avec débit contrôlé. Dans ce cas, des dispositifs alvéolaires de différentes hauteur et posés à plat retiennent l’eau.  

Stéphane Reinle.  Quand il pleut très fort, l’eau, au lieu de s’évacuer en une demi-heure, monte dans les alvéoles et s’écoule sur 8 heures, 10 heures, 12 heures…. Il est possible de choisir le volume que l’on souhaite retenir et de contrôler le débit de l’évacuation pluviale, en fonction des rejets d’eau autorisés. On diminue ainsi l’engorgement des égouts. C’est le même principe que l’entonnoir.  

Pouvez-vous nous donner d’autres exemples de solutions ? 

Stéphane Reinle. Les parkings perméables à base de structures alvéolaires drainantes, par exemple, permettent à l’eau de s’infiltrer et de retrouver son cycle naturel. Ils évitent de gérer cette eau dans les bassins de stockage.  

Raphaël Dupont. Les obligations de gestion de l’eau « à la parcelle » incitent au déploiement d’une panoplie de solutions de gestion « in situ » pour éviter les inondations : toiture végétalisée, parking perméable, chaussée drainante, noue végétalisée… 

 Quel est le défi des collectivités et des promoteurs ? 

Stéphane Reinle.  Ils doivent aider l’eau à retrouver son cycle naturel, favoriser son infiltration et sa gestion sur site. Stocker l’eau génère de l’évaporation, développe la biodiversité et limite les îlots de chaleur. Si l’on y arrive, on respirera mieux dans les villes ! Pour cela, ils doivent gérer la goutte d’eau le plus tôt possible.  

Quelle est leur écoute sur ce genre de solutions ? 

Raphaël Dupont. Il y a vingt ans, il fallait frapper aux portes. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience de toute la chaîne de la construction. D’ailleurs, les PLU imposent la mise en place de moyens de gestion des eaux dans bon nombre de zones urbaines.   

Comment les Agences de l’eau peuvent-elles les aider ? 

Stéphane Reinle.  Les Agences de l’eau financent certains projets. Il faut s’en rapprocher, car elles sont très utiles pour accompagner financièrement le déploiement de solutions qui répondent à certains critères.