Construire juste pour construire mieux : sobriété béton et isolation continue au service du bas carbone

Depuis 2020, la société MEM (Maison Écologiques Moderne) déploie en France un système constructif sous licence MAGU, éprouvé depuis les années 1970. Coffrage isolant permanent en polystyrène, réduction de voile béton, conception bioclimatique, réflexion cycle de vie… MEM ne cesse de faire évoluer sa solution vers plus de performance, plus d’agilité, et surtout plus de cohérence. Entretien avec son dirigeant, Éric Mesnier, artisan d’une sobriété constructive pensée pour durer.

Eric MESNIER,
Dirigeant – MEM
Moins ne veut pas dire moins solide,
mais plus ciblé, plus adapté, plus durable.
Quelles solutions MEM met-elle en œuvre pour réduire la quantité de voile béton tout en maintenant les performances structurelles requises ?
Notre système repose sur un voile de béton coulé entre deux panneaux de coffrage isolant en polystyrène expansé, qui restent en place après mise en œuvre. Cette configuration nous permet de dimensionner précisément l’épaisseur du voile — jusqu’à 12 ou 13 cm — sans surdimensionnement. Cela suffit à assurer la solidité du bâtiment, y compris en zone sismique. La fonction porteuse est assurée par le voile lui-même, sans poteaux intermédiaires.
On réduit ainsi jusqu’à 15 % du volume de béton sur le gros œuvre, avec en prime moins de manutention, de transport et de coffrage temporaire. Cette optimisation structurelle s’accompagne d’un gain carbone et logistique non négligeable. Elle peut même offrir un léger surplus de surface habitable, un plus pour la revente ou l’usage quotidien.

Comment les armatures sont-elles optimisées dans les voiles béton MEM pour limiter l’empreinte carbone tout en assurant la durabilité de la structure ?
Le voile structurel continu assure la fonction porteuse sur toute la surface murale et reste confiné dans une enveloppe isolante qui le protège des agressions thermiques et de l’humidité. Cette stabilité permet de réduire les contraintes ponctuelles, et donc la densité d’armatures, tout en maintenant une bonne tenue mécanique.
Nous utilisons des aciers classiques, mais avec une approche raisonnée : moins de chaînages, de linteaux, moins de découpes et d’assemblages sur site. Cela diminue les déchets, les temps de pose et l’impact environnemental global du ferraillage. Chaque mur est pensé dans une logique de durabilité globale, avec un bon enrobage et une homogénéité structurelle, limitant ainsi les besoins futurs de réparation ou de renforcement. Là encore, « moins » ne veut pas dire « moins solide », mais plus ciblé, plus adapté, plus durable.
En quoi le coffrage isolant en polystyrène contribue-t-il à la performance thermique des murs et à la suppression des ponts thermiques ?
L’isolation extérieure continue est un pilier de notre système. Elle forme une barrière thermique sans discontinuité, supprimant les ponts thermiques aux angles, linteaux et jonctions planchers. Elle est doublée par une isolation intérieure, pour atteindre une résistance thermique jusqu’à R = 6 m².K/W, tout en préservant l’inertie du béton.
À cela s’ajoute un atout différenciant : notre fournisseur est à ce jour le seul à disposer d’une certification ACERMI niveau 8 pour ses panneaux en polystyrène expansé. C’est une garantie de performance dans la durée, y compris en conditions humides, et un reflet de l’exigence que nous portons sur les matériaux.

Comment la combinaison béton, polystyrène et conception bioclimatique permet-elle aux constructions MEM de répondre aux exigences bas carbone sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment ?
Notre approche vise à limiter les matériaux à forte empreinte tout en garantissant la performance thermique sur toute la durée de vie du bâtiment. En réduisant béton et acier au strict nécessaire, en supprimant les doublages grâce à une enveloppe isolante intégrée, nous réduisons l’impact dès le gros œuvre. Moins de matière, c’est aussi moins de transport, moins de transformation, et donc moins d’émissions. Nous concevons également nos maisons selon des principes bioclimatiques éprouvés — orientation optimisée, compacité, protections solaires — pour maximiser les apports gratuits et réduire les besoins en énergie.
Enfin, nous préparons l’avenir en expérimentant le béton bas carbone, les granulats recyclés, et surtout le béton de chanvre, encore coûteux mais très prometteur sur le plan thermique et environnemental. Ce matériau biosourcé pourrait nous permettre de réduire l’épaisseur du polystyrène, tout en maintenant le confort et la solidité. Nous ne cherchons pas la solution parfaite, mais une voie cohérente, agile, évolutive.