Compte.R, la biomasse en alternative au gaz pour la production de vapeur de process

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

Compte.R, la biomasse en alternative au gaz pour la production de vapeur de process

 A Evron (53), l’usine BEL a réduit ses émissions de CO2 de 85 %

Renaud Barde, Responsable commercial vapeur chez Compte.R

 

 «Une chaudière de 6,6 MW qui fournit 10 tonnes de vapeur par heure. 

 

Avec la crise énergétique de ces derniers mois, et la hausse des coûts du gaz qui en découle, de nombreux industriels se tournent vers la biomasse pour assurer la production de vapeur. A Evron (Mayenne), le fabricant de fromage BEL n’a pas attendu cette inflation pour se tourner vers un combustible renouvelable, à travers la mise en service d’une chaudière biomasse, en juin dernier.
Renaud Barde, Responsable commercial vapeur chez Compte.R.

 

En quoi consiste la chaudière biomasse déployée sur le site de BEL, à Evron ?

 

Il s’agit d’une installation de 6,6 MW qui assure une production de vapeur pouvant atteindre 10 tonnes par heure avec une pression maxi de 16 bars. La chaudière est alimentée en plaquettes de bois avec un approvisionnement local : l’objectif est de se fournir dans un rayon de 100 km. Livrées par des camions-bennes à fond mouvant, ces plaquettes sont stockées dans un hangar doté d’une fosse de 1 000 m3. Un pont-grappin, équipé d’un godet, dessert un transporteur à chaîne qui alimente la chaudière. En sortie du foyer de combustion, les gaz chauds – dépassant 800°C – passent dans un échangeur pour produire de la vapeur. Celle-ci est principalement utilisée pour des process industriels, comme la pasteurisation. Les fumées de combustion sont traitées par un séparateur cyclonique et un électrofiltre. Une récupération de calories sur ces fumées permet de préchauffer l’eau d’alimentation de la chaudière, ce qui offre un gain supplémentaire de 4 à 5 points de rendement.

 

Et pourquoi le choix du groupe laitier s’est-il porté vers la biomasse, plutôt que vers le gaz ?

 

Ce projet s’inscrit dans le programme de décarbonation de BEL qui veut atteindre la neutralité carbone de ses usines d’ici 2025, grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables. Notre chaudière va ainsi permettre une réduction des émissions de CO2 de près de 85 % sur le site. En lien avec le contexte énergétique actuel, ayant vu le prix du gaz décuplé ces derniers mois, d’autres industriels se penchent sur la biomasse. La demande est actuellement des plus soutenues. Il y a quatre ans, notre activité se répartissait entre 70 % pour les collectivités locales et 30 % pour les industriels. Désormais, ces derniers représentent 60 % avec une proportion croissante de grosses puissances pour lesquelles la biomasse est d’autant plus intéressante.

 

Comment cela ?

 

Quelle que soit la taille d’une chaudière bois, il y a des équipements dont le coût n’est pas directement proportionnel à la puissance, comme le traitement des fumées ou le transfert du combustible, par exemple. En-deçà de 1,5 MW, le gaz reste compétitif. Au-delà, c’est à considérer au cas par cas. L’investissement initial avec la biomasse est certes supérieur au gaz, mais les coûts d’exploitation sont bien inférieurs et ce différentiel ne cesse de croître. Avec les prix actuels du gaz, le surcoût à l’investissement est amorti en cinq à six ans. Quand on sait qu’une chaudière est mise en service pour 25 ans en moyenne… Ajoutons que la conversion des chaudières gaz vers la biomasse fait l’objet d’aides de l’ADEME, pouvant aller jusqu’à 50 %. A Evron, l’investissement de 6,3 M€HT a ainsi bénéficié d’une subvention de 2,7 M€, allouée dans le cadre de l’appel à projets Biomasse Chaleur Industrie, Agriculture et Territoire (BCIAT) pour la décarbonation de l’industrie. A noter qu’en janvier dernier ont été désignés les lauréats d’un nouvel appel à projets BCIAT qui concernait les projets biomasse avec une production thermique supérieure à 12 000 MWh/an. La biomasse dédiée à l’industrie a donc vocation à se développer toujours plus dans les années à venir.