Moins cher et moins de carbone émis : quand l’emballage réemployé fait un carton
Réemployer plutôt que recycler : des industriels fournissent des cartons en parfait état qui retrouvent une seconde vie auprès d’autres entreprises. Cette logique d’économie circulaire réduit les déchets, génère des économies de 30 à 70 % pour les clients et limite leurs émissions de CO2. Une boucle vertueuse qui aligne bénéfices économiques et engagements environnementaux, comme le souligne Romain Dupuis, CEO de Carton Vert.
Romain DUPUIS,
PDG – CARTON VERT
Eviter de produire une tonne de carton permet d’éviter l’émission d’une tonne de CO2
Comment fonctionne une filière de réemploi de cartons usagés ?
Nous collectons auprès d’industriels des cartons en très bon état, pouvant être réemployés par d’autres entreprises. Cette démarche d’économie circulaire permet aux fournisseurs de ces cartons de réduire leurs déchets et de dégager des revenus, qui sont variables selon les opérations de pré-tri mises en place. Ainsi, certains fournisseurs empilent sur des palettes plusieurs références de cartons.
Nos équipes en ESAT assurent alors le tri complémentaire selon le format ou l’épaisseur, en retirant les rubans adhésifs restants et en masquant les étiquettes. D’autres nous livrent des palettes directement réemployables, avec une référence de carton unique, que nous rachetons jusqu’à 150 € la tonne, à comparer aux 30 € par tonne généralement obtenus via le recyclage. Nous travaillons aussi avec des cartonniers chez qui nous collectons des invendus neufs, représentant 30 % de notre offre.
Quels sont les avantages pour les clients qui choisissent des cartons de seconde vie ?
Ils peuvent réaliser des économies de 30 à 70 % selon leurs volumes d’expédition. C’est aussi un atout supplémentaire pour leur politique RSE, facilement mis en avant dans les réponses à appels d’offres. D’ailleurs, sur un plan environnemental, le réemploi réduit fortement les émissions de carbone, sachant qu’utiliser une tonne de cartons réemployés permet d’éviter l’émission d’une tonne de CO2 soit consommer 201 944 litres d’eau, sans parler des arbres abattus.
Comment l’offre de cartons réemployés peut-elle être adaptée aux contraintes logistiques et techniques des clients industriels ?
L’idée est de créer une boucle vertueuse.
Tout commence par un travail de sourcing, en trouvant un gisement pérenne de cartons qui présentent des caractéristiques homogènes dans le temps.
Par exemple, les cartons dans lesquels Andros reçoit ses couvercles de pots de confiture sont toujours identiques en épaisseur et en dimensions. Même quand les emballages sortent des standards, il est possible d’y caler les marchandises avec du carton matelassé qui, sans cela, aurait fini à la benne.
Ensuite, nous cherchons un client à proximité, afin de limiter les émissions carbone et les frais logistiques. Cela n’aurait aucun sens de collecter des palettes à Perpignan pour les réemployer à Strasbourg.
Quand c’est possible, des clients adaptent leurs besoins en termes de références de cartons pour bénéficier de nos solutions. Pour d’autres, nous lançons une prospection qui peut parfois prendre du temps. Par exemple, nous avons sourcé 400 000 cartons par an pour le Groupe Carré Blanc, quand Alliance Automotive en utilise 1,8 million chaque année.
L’offre de cartons de réemploi est-elle suffisante ?
Loin s’en faut : il en manque environ 40 millions par an pour répondre aux attentes de nos clients et prospects ! Nous restons donc en quête de nouveaux gisements consolidés. Le potentiel est immense : rien que le e-commerce représente 1,6 milliard de cartons par an. À cela s’ajoutent les flux B2B encore plus importants. Et la demande ne cesse de croître, portée par la loi AGEC qui impose progressivement l’intégration d’emballages réemployés avec 8 % en 2026 et 10 % en 2027. La demande est aussi portée par la pertinence économique, environnementale et pratique du carton de seconde vie. L’expérience le prouve : quand un client passe à cette solution, il ne revient plus en arrière.
