EnOTéA – Autoconsommation collective : le photovoltaïque aussi passe au circuit court.

Face à la hausse du coût de l’énergie et à la nécessaire transition écologique, l’autoconsommation collective s’impose comme une solution d’avenir. Elle permet à des producteurs et des consommateurs d’électricité de se regrouper pour partager localement une énergie renouvelable, souvent d’origine solaire. Entretien avec Hubert Remillieux, Président d’ÉnOTéA.
L’autoconsommation collective s’affirme comme un levier essentiel du marché solaire. En quoi est-elle intéressante pour les producteurs et les consommateurs d’énergie ?
Pour des acteurs – collectivités locales, entreprises, administrations… – déjà engagés dans la production d’électricité renouvelable, l’autoconsommation collective donne un nouveau sens à leur démarche en offrant la possibilité d’une valorisation de proximité. À l’échelle d’une zone d’activités, par exemple, une entreprise peut valoriser sa production photovoltaïque tandis qu’une autre verdit sa consommation, tout en bénéficiant de prix stables dans la durée. D’ailleurs, ces coopérations ont démontré leur intérêt lors de la crise énergétique, lorsque le prix de l’électricité sur le marché a fortement augmenté. Dans le contexte actuel, le retour d’un tel scénario n’est pas à exclure. Enfin, de telles opérations permettent d’accompagner, pour les producteurs, la baisse rapide des aides publiques aux énergies renouvelables, notamment dans le secteur solaire. A court terme, c’est la grande majorité des nouveaux sites de production solaire qui intégra l’autoconsommation.
Cette échelle de proximité est-elle réellement pertinente sur le plan énergétique ?
Oui, et les retours d’expérience le confirment : plus de 1300 opérations sont déjà en service en France et leur nombre double chaque année. Au-delà des aspects environnementaux et économiques, l’autoconsommation collective crée aussi une dynamique locale en tissant de nouvelles relations entre acteurs. Or, dans le développement des affaires, les notions de partenariat, de proximité et de réseau sont essentielles. L’autoconsommation collective en circuit court contribue notamment aux attentes des gestionnaires de réseaux, soucieux de maintenir l’équilibre entre production et consommation.
Comment les collectivités ou les entreprises peuvent-elles se faire accompagner dans la production ou l’achat d’électricité verte de proximité ?
Prenons le cas des plus de 70 projets que nous avons développés depuis 2023, et de la centaine d’autres actuellement en préparation.
Notre accompagnement débute très en amont, avec des études détaillées permettant de définir les capacités de production et de consommation, le périmètre de l’opération en projet, tout en intégrant les notions de pilotage des flux énergétiques et de stockage.
Cette approche intéresse beaucoup les collectivités qui veulent savoir « là où elles vont » avant de s’engager. Nous prenons également en charge les aspects juridiques et organisationnels : contrats, conventions, création de la personne morale organisatrice, réunissant producteurs et consommateurs.
À noter que sur le plan réglementaire, notre entreprise – fondée dans la Drôme – a contribué, vec notre partenaire ACOPREV, à faire évoluer la réglementation pour porter, de façon dérogatoire, à 20 km le périmètre d’un projet d’autoconsommation collective en zone rurale. Enfin, nous assurons la mise en place et la gestion opérationnelle du projet, à l’image d’un syndic de copropriété. C’est ce que nous développons par exemple, sur la zone d’activité de Rovaltain – Valence TGV. Cette mécanique d’accompagnement est pertinente à toutes les échelles : notre portefeuille compte des opérations allant de quelques centaines de kW à plus de 3 MW.

Comment voyez-vous évoluer l’autoconsommation collective dans les prochaines années ?
Nous entrons dans une phase d’accélération.
En France, le potentiel est aujourd’hui estimé à près de 10 000 projets, en sachant que ce chiffre augmente régulièrement avec l’essor de nouvelles références. On peut aussi tout à fait envisager des opérations d’autoconsommation collective dans chaque commune ou communauté de communes, dans chaque zone d’activité, et là ce sera beaucoup plus que les prévisions du moment. Si au départ, nous avons privilégié des opérations d’autoconsommation collective dans un format simplifié, la situation change vite, les technologies de stockage, le développement des véhicules électriques, les outils de gestion intelligente de l’énergie, vont continuer à se renforcer.
Les opérations d’autoconsommation collectives vont intégrer progressivement toutes ces composantes. Nous travaillons activement sur ce sujet passionnant, qui est à la fois technique, économique et qui doit composer avec la volonté des acteurs de terrain. Pour illustration, nos partenaires opérateurs de flexibilité énergétique trouvent un intérêt certain à travailler avec nous qui faisons le lien avec les opérations d’autoconsommations et leurs nombreux participants.
Nous sommes dans une évolution logique de notre rapport à l’énergie, toujours plus locale, renouvelable, partagée et résiliente.










