Des dalles photovoltaïques pour prendre littéralement la route de l’énergie durable.

Fruit de dix années de R&D, des dalles photovoltaïques circulables allient rendement, robustesse et intégration discrète. Installées sans décaissement, elles supportent le passage de véhicules lourds tout en produisant une électricité locale et durable sur des surfaces déjà artificialisées. Entretien avec Rémy Trarieux, Chef de Service Commercial chez Wattway by Colas.
Conférer une nouvelle fonction à des surfaces déjà artificialisées.
Vos dalles photovoltaïques circulables sont-elles capables de supporter le passage de véhicules lourds ?
Oui. Grâce à l’encapsulation des cellules photovoltaïques dans des couches de polymères ultra-résistantes, ces modules – qui ont constitué une première mondiale – peuvent supporter le passage de véhicules jusqu’à 13 tonnes par essieu, à raison d’un million de cycles à une vitesse maximale de 50 km/h. Cette robustesse se double d’une épaisseur de seulement 4,4 mm. Les modules peuvent ainsi être installés sur des voies en enrobé ou en béton, sans qu’il soit nécessaire d’en décaisser la surface : il suffit de polir celle-ci sur 1 mm pour garantir sa planéité, puis de coller le module.
L’encapsulation ne réduit-elle pas la production photovoltaïque ?
Les couches de polymères et la pose à plat entraînent une baisse de rendement d’environ 10 % par rapport à un panneau classique. Une dalle circulable de 2,5 m² affiche une puissance nominale de 525 Wc, soit 210 Wc/m². Selon les contextes d’implantation, il est possible de développer des projets dont la puissance totale varie de 30 à 500 kWc.
Cette production d’électricité est généralement dédiée à l’autoconsommation locale, mais une solution de stockage est disponible.
Quels sont les contextes d’application d’une telle technologie ?
Cela peut concerner les voies de circulation de parkings – à noter que les dalles répondent aux critères de la loi APER –, des voies cyclables, des cheminements piétonniers, des esplanades, des voies de service en zones aéroportuaires ou encore des pontons et des quais maritimes. L’aspect innovant est de s’implanter sur des surfaces déjà artificialisées, afin de leur conférer une nouvelle fonction. Le revêtement du module présente la granulométrie et l’adhérence d’une chaussée classique. Posée à même le sol, cette solution répond également à des contraintes d’intégration visuelle et architecturale en milieu sensible.
En général, les ABF l’accueillent favorablement, ce qui n’est pas toujours le cas avec des modules standards. Récemment, nous avons par exemple équipé les pontons du port du Frioul (Marseille), où il n’aurait pas été envisageable d’installer des ombrières pour des raisons esthétiques.
Cette installation de 12 kWc alimente les bateaux amarrés, les équipements portuaires et la capitainerie.

Quelle est la longévité des installations et quelles opérations de maintenance ou de remplacement sont nécessaires ?
La durée de vie varie selon l’intensité de circulation sur les dalles : environ 15 ans pour les zones empruntées par des poids lourds, et jusqu’à 25 ans pour les aménagements cyclables. La maintenance est similaire à celle des modules classiques, si ce n’est qu’elle peut être effectuée à l’aide d’une balayeuse de voirie. En fin de vie, le taux de recyclage des modules atteint 99,7 %.
Quelle est la période estimée pour atteindre un retour sur investissement ?
Cela dépend du prix d’achat de l’électricité réseau et de la puissance totale de l’installation. Actuellement, le retour sur investissement se situe entre 11 et 14 ans, et devrait descendre à environ 10 ans dès 2026, grâce aux économies d’échelle permises par la montée en puissance de la production. À noter que nos modules – issus de dix années de R&D – sont fabriqués en France.
À ce jour, nous cumulons 700 kWc installés, et les projets actuellement en développement varient entre 250 et 500 kWc. Et compte tenu des surfaces potentiellement solarisables, le potentiel de production est immense.










