Les toits végétalisés s’inscrivent durablement dans le paysage
Pierre GEORGEL,
Architecte paysagiste et Président fondateur ECOVEGETAL
Développés petit à petit depuis les années 1980, les toits végétalisés répondent aujourd’hui à de véritables enjeux liés au dérèglement climatique. Avec comme priorité la rétention des eaux de pluie afin d’éviter les débordements et les inondations. Spécialiste des toitures végétalisées et des parkings perméables, Ecovégétal est le leader national du secteur, affichant 4,5 millions de m2 de toitures végétalisées dans toute la France.
La toiture végétalisée possède de nombreux atouts. Et notamment elle améliore le rendement de la production solaire.
Quelle est l’origine de la toiture végétalisée ?
La toiture végétalisée s’est développée dans les années 1980 en Allemagne sous l’impulsion des militaires de l’OTAN qui cherchaient à couvrir les missiles, à l’heure où la guerre froide alimentait les craintes. La toiture végétalisée est alors venue camoufler et cacher les missiles au sol. Puis, finalement, de nombreux avantages se sont faits jour. La toiture végétalisée permet de gérer l’eau de pluie en la retenant temporairement afin d’éviter les inondations. Elle apporte davantage de fraîcheur au bâtiment : le dernier niveau est climatisé naturellement en été. Plus étanche, protégé des UV et du froid, le toit est plus résistant, il dure jusqu’à 40 ou 60 ans. Capteur acoustique, le toit végétalisé abaisse également de 3 à 5 décibels certains îlots denses en centre-ville. Enfin, la toiture végétalisée est aussi un véritable atout en termes de biodiversité et d’esthétisme !
Comment se conçoivent ces toitures végétalisées ?
Au départ, lors de mes premiers essais dans les années 1980, j’étais allé chercher des espèces alpines capables de vivre sur la rocaille. Finalement, après six mois, j’ai observé un crach botanique : 70 % des espèces étaient mortes. Il m’a fallu alors faire de nombreux autres tests afin d’identifier les plantes qui pourraient se développer sur les toitures végétalisées. Aujourd’hui, nous produisons les substrats, nous pré-cultivons les dalles végétalisées. Une équipe se charge de la pose ou fournit nos dalles à des entreprises spécialisées dans l’étanchéité. Nous privilégions différents végétaux en fonction de l’épaisseur du substrat, qui lui-même dépend de la structure du bâtiment et de sa capacité à porter cette installation. De 6 à 10 cm d’épaisseur, nous choisissons des végétaux extensifs, des crassulas et sedums qui gardent l’eau dans leurs tissus et possèdent une forte concentration en sel, ce qui les rend résistants au gel. De 10 à 20 cm, il est possible d’installer des plantes vivaces, des graminées, des petits arbustes pour une plantation semi-intensive. A partir de 20 et 30 cm d’épaisseur de substrat, nous pouvons choisir de planter de gros arbustes.
À quels types de bâtiments répondent ces toitures végétalisées ?
Nous installons sur tous types de bâtiments : résidentiel, logement, centres commerciaux, logistiques, équipements publics, complexes sportifs, médiathèques. De 0 à 20 % de pente, la technique est courante. Au-delà de 20 %, le toit se situe hors règles professionnelles et l’installation répond alors à un cahier des charges édité par un bureau de contrôle. Avec Ecovégétal, nous intervenons jusqu’à des pentes de 200 % ! Cinq sites en France, et 140 collaborateurs, produisent les végétaux et le substrat.
Les nouvelles réglementations environnementales jouent-elles en votre faveur ?
En effet, les toitures végétalisées et les parkings perméables répondent aujourd’hui à de véritables enjeux au sein des collectivités. Nous avons créé l’ADIVET, l’association qui regroupe les acteurs de la végétalisation des toitures et des façades, afin de rédiger des règles professionnelles et techniques qui puissent aider les élus dans le renouvellement de leurs documents d’urbanisme. La gestion des eaux pluviales est un véritable enjeu du dérèglement climatique dont l’ensemble des élus doit s’emparer, afin d’éviter les inondations que des événements climatiques pourraient entraîner.
En permettant à 80 % des eaux de pluie qui restent sur les toitures de s’évaporer plus tard dans le temps, les toitures végétalisées améliorent le confort urbain. L’évapo-transpiration de nos installations offre aussi un gain de fraîcheur en baissant la température au sein de villes qui ne cessent de se densifier et de voir leurs températures augmenter. Par ailleurs, les toitures végétalisées améliorent le rendement des installations de panneaux photovoltaïques grâce à la régularité de température du sol. Un atout pour l’avenir.
