Quelles pistes (vertes) pour la transition énergétique en montagne ?

La revue des énergies renouvelables et des solutions alternatives.

Quelles pistes (vertes) pour la transition énergétique en montagne ?

interview auprès de                     interview auprès de 
Mme Karine Chagnes                Mr Guy Hermitte
Présidente                                     Vice-President
A
ssociation Nationales               Association Nationales des Maires  
des Elus de la Montagne             des Stations de Montagne
ANEM

 

Valoriser les ressources locales et maîtriser les consommations

 

S’il y a un territoire où les questions de production et d’optimisation des consommations d’énergie se posent de façon aiguë, c’est bien la montagne. Avec des conditions météo parfois extrêmes, l’apport d’énergie y est, en effet, indispensable. Une équation pas simple à résoudre, en raison d’une faible densité de population et d’une multiplication des sites isolés.

 

« En montagne, le principe général est qu’il n’y a pas de solution unique, il convient de s’adapter au territoire et aux ressources disponibles, souligne Annie Genevard, députée du Doubs et présidente de l’Association nationale des élus de la montagne (ANEM). Cela dit, les énergies renouvelables ont vocation à occuper une place centrale dans les solutions apportées. Les montagnes, qui constituent le château d’eau de la France, ont notamment un fort potentiel hydroélectrique. La biomasse – pouvant alimenter des réseaux de chaleur – ou encore le photovoltaïque – rappelons qu’en montagne, l’ensoleillement est remarquable – permettent aussi d’assurer une production d’énergie décentralisée. »

 

Réhabiliter un parc d’hébergement vieillissant

 

Concernant la maîtrise des consommations, les pistes d’optimisation sont tout aussi variées. Parmi elles, la rénovation thermique des logements touristiques. Avec plus de 2 millions de lits touristiques, les communes de stations de montagne disposent d’un parc d’hébergement conséquent, mais également vieillissant : 75 % des résidences secondaires et des locations meublées y ont été construites avant 1990.

 

« Tout l’enjeu est d’inciter les propriétaires privés à rénover les logements anciens, analyse Guy Hermitte, Maire de Montgenèvre (Hautes-Alpes) et vice-président de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne. L’ORIL (opération de réhabilitation de l’immobilier de loisir), procédure créée en 1990, est longtemps restée insuffisante, au regard des besoins. Une première simplification a été obtenue avec la loi Montagne II, en 2017 : les communes peuvent désormais fixer leurs propres conditions de rénovation et d’occupation. La réunion de lots de copropriété contigus, en vue d’une rénovation, a aussi été facilitée. Autre levier d’action, le dispositif Censi-Bouvard a été réorienté avec la création d’une réduction d’impôt en faveur de la réhabilitation du parc existant de résidences de tourisme. »

 

Des économies d’énergie, grâce au smart building

 

Outre la rénovation thermique, l’intégration de solutions smart building offre aussi des perspectives intéressantes pour l’amélioration des performances énergétiques, du confort et de l’attractivité des logements touristiques de montagne.

 

« Le déploiement de services smart building dans l’ancien offre le plus grand gisement d’économies, fait valoir Serge Le Men, vice-président de la Smart Building Alliance for Smart Cities (SBA). Et, comme dans le neuf du reste, il y a un enjeu fort autour de la mutualisation de l’infrastructure IP qui porte les données numériques. Ces données sont à considérer comme le « quatrième fluide », au sein du bâtiment, aux côtés de l’électricité, de l’eau et du gaz. Cette mutualisation, qui permet d’optimiser les coûts d’équipement et de maximiser les services « plugables », est au cœur du label R2S-Ready2Services, créé par la SBA. » Déjà opérationnel pour le tertiaire, il sera étendu au résidentiel, fin 2019.

 

« Au-delà des bâtiments intelligents, le numérique est aussi intéressant pour la mise en place de systèmes de management de l’énergie pour d’autres équipements, comme les remontées mécaniques ou les enneigeurs, par exemple, ajoute Annie Genevard ». Bref, les pistes sont nombreuses pour déployer la transition énergétique sur les pentes de montagne…