Sites isolés, refuges et chalets de hautes montagnes sont confrontés à la difficulté de s’approvisionner en énergie.

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Sites isolés, refuges et chalets de hautes montagnes sont confrontés à la difficulté de s’approvisionner en énergie.

Des refuges en quête d’exemplarité énergétique

 

« Nous n’avons aucun intérêt économique à chercher l’autonomie énergétique en site isolé. Mais c’est une conviction. C’est dans notre ADN », Sébastien Louver, président de l’association des gardiens de refuge des Hautes Alpes.

Propos recueillis auprès de Sébastien Louvet, Président de l’association des gardiens de refuge des Hautes Alpes (06)

Stéphane Martin, Parc National de la Vanoise

Situés à 2.000 ou plus de 3.500 mètres d’altitudes, les refuges de montagne peuvent accueillir des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Les gardiens y reçoivent randonneurs, skieurs et même parfois des agriculteurs pour une nuit de repos. Si ces sites isolés, difficiles d’accès, fonctionnent en été pour certains et toute l’année pour d’autres, leur fournir de l’énergie n’est pas chose aisée. Ils tendent à être de plus en plus autonomes et même exemplaires.

 

Dans le département des Hautes Alpes, l’association des gardiens de refuge compte pas moins de 42 sites accueillant près de 100.000 nuitées par an. « Nous avons une vraie disparité vis-à-vis de l’énergie », indique Sébastien Louver, son président. « Il y a à la fois un panel hétéroclite d’utilisation de thermique solaire, d’éolien, de turbine hydroélectrique et de photovoltaïque. Mais il reste encore des groupes électrogènes. Ceux-là ne tournent pas au sucre de canne », regrette Sébastien Louver. Alors que l’exigence de confort en refuge est toujours plus forte, l’approvisionnement en énergie devient un véritable enjeu. « Les refuges à l’ancienne, éclairés à la bougie, n’existent plus », poursuit-il. « Les besoins ont clairement augmenté ces dix dernières années », complète Stéphane Martin, technicien bâtiment en charge de la rénovation immobilière du parc national de la Vanoise. « Aujourd’hui, il faut pouvoir respecter la chaîne du froid afin de conserver les denrées alimentaires stockées dans les refuges et ainsi limiter les approvisionnements par hélicoptère, chauffer les espaces de vie, proposer de l’eau chaude sanitaire, de quoi se connecter à internet afin de gérer les réservations et permettre aux visiteurs de recharger leurs batteries de téléphones ou de GPS. » Des besoins de plus en plus énergivores.

 

Bannir le groupe électrogène

Dans le parc de la Vanoise, les bâtiments cherchent à être exemplaires en matière de développement durable et d’autonomie énergétique. Les chaudières au fioul ont été remplacées par des chaudières à granulés, couplées à des solutions solaires thermiques pour l’eau chaude sanitaire. « Nous avons également isolé par l’intérieur ou l’extérieur certains de nos bureaux, logements de fonction des gardes moniteurs et certains de nos 16 refuges, en utilisant des matériaux sains comme la laine de bois, laine de chanvre ou de la ouate de cellulose », précise Stéphane Martin. « Nous continuons de renforcer les installations de production d’énergie solaire en place (augmentation des puissances photovoltaïques et de la capacité des batteries associées) en les complétant par des pico-turbines hydroélectriques lorsque la ressource en eau est présente. » Pour l’association des gardiens de refuge des Hautes Alpes, la transition énergétique à opérer est une véritable conviction. « Nous n’y avons aucun intérêt économique. L’installation de photovoltaïque ou de pico-turbine nécessite des années de paperasses administratives et des budgets bien plus importants que l’achat d’un groupe électrogène », assure Sébastien Louver qui sensibilise les services de l’Etat à la problématique afin de faire raccourcir les délais administratifs et trouver des leviers de financement. En fonction de son positionnement géographique, chaque refuge peut ainsi prétendre à un mix énergétique favorable à sa production et à sa consommation, en fonction de ses besoins. Soleil, vent, eau… Les ressources ne manquent pas en montagne.