KLEUSTER – La cyclologistique,petite reine du dernier kilomètre ?

La cyclologistique s’impose comme une réponse concrète aux défis du « dernier kilomètre ». Plus propre, plus agile et plus économique, le vélo cargo à assistance électrique transforme les livraisons urbaines et redéfinit la logistique des centres-villes. Entretien avec Okan Cavusoglu, directeur général de Kleuster

Quels sont les enjeux de la logistique urbaine ?

Celle-ci est à la croisée de nombreux enjeux, notamment en centre-ville, où la circulation est congestionnée et peut être soumise à des réglementations renforcées. En France, elle génère 20 % du trafic urbain et 50 % des émissions de particules fines. Le « dernier kilomètre » représente jusqu’à 30 % du coût total de livraison. Pour les transporteurs, se posent aussi les problèmes de stationnement, de prédictibilité de l’heure de livraison ou encore de contraventions.
Un transporteur me confiait que ces dernières peuvent atteindre près de 10 000 € par an et par véhicule. Toutes ces problématiques, le vélo cargo à assistance électrique y apporte des solutions.

En quoi la cyclologistique représente-t-elle une rupture ?

Nos gammes élargies changent la donne : elles peuvent transporter jusqu’à 300 kilos de charge utile et 2 m³ de volume, tout en offrant la capacité de gravir des pentes jusqu’à 18 %. Grâce à une batterie amovible, qui évite les arrêts en journée pour la recharge, l’autonomie atteint jusqu’à 80 km. Sachant que les acteurs de la cyclologistique parcourent en moyenne 35 km par jour, un vélo peut donc être utilisé sur un double poste. Nos modèles sont aussi disponibles en version plateau ou benne basculante, avec nettoyeur haute pression, pour assurer l’entretien des espaces verts ou la propreté urbaine. Une version dotée d’un caisson réfrigéré – avec froid positif ou négatif, certifié Cemafroid – permet d’assurer la livraison alimentaire.

Et qu’en est-il des gains concrets par rapport aux véhicules utilitaires légers (VUL) traditionnels ?

En s’affranchissant des embouteillages et du stationnement en zone urbaine dense, le vélo cargo permet 28 % de livraisons en plus par heure.
Les émissions de CO₂ sont réduites de 98 % par rapport à un VUL diesel et de 96 % par rapport à un VUL électrique.

Sur un plan opérationnel, comment un transporteur peut-il franchir le pas vers la cyclologistique ?

Il convient de se demander quelles tournées il serait pertinent de basculer vers le vélo. Aujourd’hui, on estime qu’entre 23 et 57 % des livraisons urbaines – portées par le développement du e-commerce et des circuits courts – peuvent être réalisées en cyclologistique. Se pose également la question du foncier pour l’implantation des espaces logistiques urbains (ELU), qui jouent le rôle de hubs, où les marchandises sont stockées et mutualisées, avant d’être chargées sur les vélos. Nous pouvons accompagner les transporteurs dans la mise en relation avec des acteurs disposant de foncier d’entrepôt.
À noter que la bascule vers le vélo peut être financée dans le cadre des CEE et du programme Marguerite, ce dernier accompagnant notamment des périodes d’essai de vélos cargos sur plusieurs semaines.
Des essais souvent concluants.

Pour un usage professionnel, se pose aussi la question de la robustesse à long terme…

En effet. C’est pourquoi nos vélos – développés en étant à l’écoute de nos clients depuis 2012 – sont assemblés dans les ateliers de Renault Trucks, à Vénissieux, afin de répondre à des exigences industrielles. Notre partenariat avec le constructeur nous permet aussi de bénéficier à la fois de son service après-vente – avec des techniciens de proximité pour assurer la maintenance de nos vélos – et du savoir-faire de ses équipes R&D. En termes d’innovation, notre dernier modèle dispose ainsi d’un châssis d’une durabilité de 24 000 km, d’un pédalier électrique sans chaîne nécessitant peu de maintenance et de moteurs dans chaque roue. Un vélo à la fois robuste, agile et confortable, taillé pour les exigences de la ville.